« Dans mes rêves, cette nuit, tout était gelé. La glace emprisonnait l’estuaire et la mer. On ne pouvait plus avancer. Il fallait revenir en arrière.
Deuxième page
De loin, de très loin la voix hypocritement rassurante, s’adresse à la mère dont l’oreille se meurtrit contre le téléphone: – Allô Madame, bonjour. Je suis la psychiatre del’hôpital public. Votre fille est chez nous. Elle se repose, elle est dans un grand calme, elle avait besoin de beaucoup de sommeil, elle manquait tellement de sommeil… Par décret du préfet, votre fille en crise nous a été confiée.
Tout a commencé l’avant-veille. La jeune fille avance droit devant elle. Elle crie, elle crie de plus en plus fort. À force de crier, elle se met à donner des coups de pied au trottoir ; les gens s’attroupent.«
A propos de La Sanction
» La mère a fait un rêve. Elle sortait de la chambre où sa fille était alitée. Des infirmiers lui apprenaient dans le couloir qu’elle était dans le service des grands délirants et qu’elle devait aller à la pharmacie acheter pour sa fille, une boîte de sept cent comprimés qui devaient servir pour sept cent semaines. On disait à la mère : » C’est pour un long traitement. Vous en aurez au moins pour sept ans. » Décor de cauchemar : une tempête. Un ciel très noir. Le ciel était à l’intérieur de l’hôpital. Sa luminosité blafarde éclairait les lits, transperçait les murs et les fenêtres. La fille était allongée sous l’orage blanc. Son visage paraissait absent, son corps, sous le drap, semblait immatériel. On aurait dit un être immolé sur une table de sacrifice. » C.C.
Aujourd’hui, en France, on peut encore par sanction policière vous jeter au fond d’une cellule d’isolement psychiatrique comme on jetait des malheureux dans un cachot sous l’ancien régime.