Sable noir

Sable noir, Chantal Chawaf

187 p

Editions du Rocher, 2005

couverture du roman sable noir Chantal Chawaf montrant un bunker

Première page

« Prologue

1re division d’infanterie, Omaha Beach. 6 juin 1944. Six heures trente. La première vague débarque suivant le programme prévu et rencontre une résistance. La plage est sous un feu intense de mitrailleuses et de fusils. Aucune progression n’est possible à cause des tirs et des champs de mines. Onze heures trente-cinq. Aucun contact radio avec la division. Le capitaine dit qu’il a perdu douze hommes descendus par les tirs des blockhaus. S 3 à 2 Bn. Où êtes-vous? Nous ne sommes plus en contact avec vous. Wozenski essaie de nettoyer le secteur. Environ cent cinquante Allemands seraient dans Colleville. La compagnie E est sur la droite, entre G et Red. Quinze heures quarante. 2e bataillon à S2. Quel est le dernier renseignement venant de Blue? Rien de bon. Une partie de la compagnie n’est pas débarquée. Les effectifs sont faibles. « 

A propos de Sable noir

La côte normande en 2004. Un couple, Tiberden et la narratrice, habite une maison isolée sur les dunes, à côté d’un blockhaus. La désolation des lieux, les absences répétées et le caractère taciturne de Tiberden dépriment la jeune femme, réduite à attendre. Alors, à travers le sable, l’eau et la lumière des paysages marins, les souvenirs inoubliables des plages deviennent peu à peu plus présents que le vide de son existence :

«Tyrannie de la mémoire collective, elle vous dépossède de vous-même, de votre propre expérience, pour la remplacer par le souvenir qu’elle vous impose, dans vos frémissements, au plus profond, là où tout s’unifie, amplifié, mugissant. Les cris des soldats en feu passent, repassent, écho de vos viscères. Vous revoyez les cibles humaines brûlant comme du carburant se jeter pour mettre fin à leur agonie, dans cette mort bestiale qui régnait sans partage sur des malheureux abandonnés de tous, dont le cerveau explosé retombait sur le sable, en pluie de sang et de chair broyée. Parfois le choc est si tenace que c’est comme si, historiquement, la mémoire collective faisait de nous les victimes des victimes.»

 

Avec la sensibilité d'une langue émotive, charnelle, et les accents d'une moderne Chanson de Roland, Chantai Chawaf, dans Sable noir, nous permet de revivre l'héroïsme du débarquement et de comprendre la grande épopée, jusque dans ses conséquences lointaines et inattendues.