Dans l’envie qui n’ose pas naître, seulement se décomposer, ses cheveux frisent, murs bruns de cheveux, murs de sa tête séparée du corps, prison dans laquelle elle avale les nuits, les jours, à la pointe du dépit où les pulsions ondulent, se dessinent, irradient, s’écoulent dans l’intestin et dans le sang, troublent les fonctions du corps par ces élans, par ces lumignons, par ces flammes, par cette trajectoire qui tournent, tournoient, cherchent à s’élever pour éclairer l’intérieur où la volonté ne transforme plus les zones nocives, où la vie emmagasine la mort fabriquée dans les cellules, où quelqu’un se sépare de soi, sent ramper les stries, où chaque goutte, à peine entrée dans la pensée, est saisie par le cœur, se dépose sur une émotion infinie, monte dans la fièvre, pénètre toute la masse de la chair, toute la chevelure, dans l’aridité des reins, des seins où ne coule plus la vie, dans cette montée où la saturation pousse la femme à penser à faire n’importe quoi pour tenter d’échapper à son anxiété, aux idées qui l’emportent, qui reparaissent, qui viennent se heurter contre le barrage, contre la peur. «
A propos de la Vallée incarnate
Une femme enceinte est mise au monde, lentement, par l’homme qui l’aime. Ici, le risque et le danger ne sont pas représentés par la mort mais par la vie dont la gestation bouleverse ces prisonniers d’un monde en train de mourir.
Ce qui pourrait être un roman policier, une histoire d’amour ou encore l’évocation du déclin d’une société devient voyage à travers les pulsions chatoyantes et ténébreuses, fusion lyrique des contraires, aventures des forces élémentaires.
Au terme de ce texte haletant, tonifiant et charnel, l’angoisse et la cruauté auront été maîtrisées par l’élaboration progressive d’un langage de la vie à la douceur incomparable.